Dr Edouard Broussalian

Quand la guérison devient un acte de rébellion
L’engagement d’une vie.

Édouard Broussalian, né en 1962, est un médecin homéopathe passionné, il étudie, seul, l’Organon et le Répertoire de Kent à 15 ans et bénéficie de l’expérience son père Georges, lui-même élève direct du Dr Pierre Schmidt, maître homéopathe genevois, qui s’était rendu dès 1922 aux USA étudier avec les disciples de Kent. Précurseur, il a créé dès 1977 le premier logiciel de répertorisation, puis le site école Planète Homéo en 1996 qui a formé une communauté vivante mais peu de véritables homéopathes. Il décide d’enregistrer son enseignement pour réaliser une formation sérieuse afin d’enseigner l’homéopathie telle qu’elle devrait l’être, et rendre accessible la pensée de Hahnemann au plus grand nombre. Il lui restait à puiser dans ses centaines d’heures de cours pour restructurer tout l’enseignement et donner naissance à l’IHS pour transmettre une homéopathie fidèle à l’Organon, exigeante et profondément humaine. Enseignant direct et engagé, il lutte contre l’oubli, les dérives industrielles et milite pour une médecine au service du vivant. Ses maîtres et amis — Little, Saine, Master, Vithoulkas — nourrissent son approche rigoureuse. Sur le terrain, en Haïti, au Maroc ou à Madagascar, il soigne dans l’urgence, convaincu que la vraie médecine est un acte d’amour et de service. Avec l’IHS, il forme une nouvelle génération de praticiens libres et engagés.

Qui est vraiment le Dr Édouard Broussalian ?

Portrait d’un médecin libre, pionnier de l’homéopathie contemporaine

Vous semblez beaucoup plus jeune que ce que vos écrits laissent imaginer. Pourquoi ce décalage ?

(Rires) C’est vrai, on me donne souvent 20 ans de plus à la lecture de mes textes ! Je suis né en 1962, mais j’ai commencé l’homéopathie à l’âge de 15 ans, en accompagnant mon père dans ses conférences. Dès cette époque, je me suis passionné pour une médecine fondée sur le sens, la logique, les lois naturelles. C’est sans doute cette maturité précoce et mon langage technique qui donnent l’impression que j’ai plusieurs vies derrière moi.

Votre père était médecin également. Peut-on dire que vous êtes né dans l’Organon ?

Absolument. J’ai grandi dans une maison où l’on parlait Répertoire de Kent, fiches perforées, aphorismes et remèdes comme d’autres parlent de football. Mon père, élève de Pierre Schmidt, a été un pionnier en homéopathie hahnemannienne. Il m’a transmis la rigueur intellectuelle, la passion de la guérison vraie, et une quête incessante de cohérence. Il avait cette intuition de relier la science, la spiritualité et le soin — une vision que je poursuis aujourd’hui à travers l’IHS.

Vous êtes également un pionnier dans l’usage des technologies en homéopathie. Racontez-nous.

Dès 1977, j’ai créé le programme Mélanie sur Apple II. L’idée : rendre accessible la pensée de Kent à travers un outil informatique. Je ne cherchais pas à faire « raisonner la machine à notre place », mais à soutenir une pratique fine et exigeante. Puis en 1996, j’ai lancé Planète Homéo, une plateforme militante pour une homéopathie vivante. Aujourd’hui encore, des milliers de praticiens francophones s’y forment ou s’en inspirent. Ce fut un acte de résistance, mais aussi de transmission.

Quel a été le moment décisif où vous vous êtes engagé à enseigner ?

J’ai longtemps été seul à porter cette exigence de fidélité à l’Organon. Puis j’ai compris que pour ne pas trahir cette science, il fallait former, transmettre, élever. Pas pour créer une école comme les autres. Mais une communauté vivante, exigeante, portée par une vision forte. L’IHS est née de cette intuition : former des praticiens libres, lucides, et profondément engagés.

Comment décririez-vous votre pédagogie ?

Je suis direct, passionné, parfois un peu irrévérencieux. Mais je reste fidèle à une éthique rigoureuse. L’Organon est pour moi un texte sacré, non au sens dogmatique, mais comme source de vérité. J’enseigne avec l’humilité d’un chercheur et l’ardeur d’un révolté. Mes étudiants disent que je rends l’invisible visible. Et que je ne les forme pas seulement à une méthode, mais à une manière d’être au monde.

Quels sont vos combats ?

Je me bats contre l’amnésie collective. Contre les dérives de l’industrie chimique. Contre les systèmes déshumanisés qui sacrifient l’individu au nom de l’efficacité. Je défends une médecine au service du vivant. Une homéopathie enracinée, brillante, pragmatique, mais surtout profondément humaine. Et je continue de m’indigner face à toutes les formes de négation — du génocide arménien à la souffrance des enfants privés d’un parent, jusqu’à la négation de l’homéopathie par ceux qui ne la comprennent pas.

Vous fréquentez du monde dans le milieu homéopathique ? Quelles sont vos connexions ?

Moins que je ne le voudrais, par manque de temps. Mais les liens sont profonds, vivants, inspirants. J’ai eu la chance de me rendre jusqu’aux sources du Gange, pour rencontrer le légendaire David Little, immense homéopathe australien, probablement le plus érudit et le plus respecté de notre époque. Nous avons échangé pendant plus de dix ans, entre Inde et correspondances transcontinentales. Son approche minutieuse et brillante m’a profondément marqué.
Puis cap sur Mumbai, en Inde, où je suis allé me former auprès du Dr Farokh Jamshed Master, l’un des piliers de l’homéopathie indienne moderne. Ce maître, professeur, clinicien hors pair, dirige le département d’homéopathie au CMPH Médical Collège. Avec lui, j’ai appris à apprivoiser la subtilité des miasmes chroniques et l’intelligence des remèdes constitutionnels. C’est toujours une fête de se retrouver au moins une fois par an, surtout que Farokh a décroché la spécialité officielle de médecin cancérologue.
Toujours à Mumbai, je ne peux manquer de citer l’excellent Dr. Gaurang Gaikwad, avec qui nous entretenons une véritable complicité. Sa connaissance et sa compréhension de la matière médicale est proprement incroyable. Je pense qu’il est l’un des plus doués de sa génération.
Chaque année, je retrouve aussi un autre géant : George Vithoulkas, prix Nobel alternatif, auteur de référence, fondateur de l’International Academy of Classical Homeopathy sur l’île grecque d’Alonissos. Surnommé avec raison “The King of Homeopathy”, il a formé des générations d’élèves de haut niveau, dans une atmosphère de rigueur et d’inspiration. Il aime à dire, non sans humour, que c’est “à cause de moi” que les Français sont venus en nombre se former chez lui ! (Et il n’a pas tort.)
Ce contact avec des élèves du monde entier m’a aussi ouvert les yeux : en dehors de nos frontières, la France a parfois mauvaise réputation en homéopathie. Trop d’improvisation, pas assez de fidélité à l’Organon. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai fondé l’IHS.
Je tiens aussi en très haute estime le Dr Luc De Schepper, médecin belge-américain, brillant praticien et grand maître de l’Organon. Son approche clinique d’une précision chirurgicale, son art pédagogique, son éthique : tout m’inspire chez lui. Il fait partie des rares qui ont vraiment compris, appliqué et transmis la logique hahnemannienne dans sa forme la plus pure. Une perle rare, doublée d’un homme de cœur. Son décès récent a été une grande perte.
Et puis il y a le Dr Didier Grandgeorge, auteur, formateur et médecin homéopathe à Fréjus. Je l’ai rencontré pour la première fois à l’âge de 18 ans, alors que je lui faisais visiter mes petites installations astronomiques. Depuis, nos échanges n’ont cessé, et je me rends régulièrement dans son école pour participer à ses séminaires, riches en sens et en partage.

Vous n’avez jamais voulu rester confiné aux cabinets ou aux colloques… Qu’est-ce qui vous a poussé à porter l’homéopathie jusque sur les terrains les plus précaires, au cœur des urgences humanitaires ?

Au-delà des amphis, des livres et des colloques, j’ai toujours voulu que la médecine s’incarne là où elle est le plus vitale : sur le terrain, au cœur du réel, dans la poussière et l’urgence. C’est ainsi que j’ai cheminé avec des êtres admirables, compagnons d’aventure et de mission.
Je pense d’abord à mon ami de toujours, le Dr Frédéric Rérolle, président de Homéopathes Sans Frontières – France, infatigable artisan d’une homéopathie de terrain, humaniste, rigoureuse, accessible. Ensemble, nous avons parcouru de nombreux pays, bras dessus bras dessous avec nos remèdes, notre foi et nos valises cabossées.
C’est lui qui m’a présenté Isabelle Rossi, fondatrice de l’APMH (Association pour la Promotion de la Médecine Homéopathique), une femme d’une force douce et redoutable, pilier discret de nombreux projets humanitaires, notamment au Maroc dans le centre de Skoura, où l’homéopathie s’est enracinée grâce à leur travail acharné.
Et puis il y a eu Haïti, cette terre blessée que je n’oublierai jamais. C’était après le tremblement de terre. Là-bas, au milieu des gravats, avec le Dr Kaviraj – immense homéopathe néerlandais, grand spécialiste de l’agro-homéopathie – nous avons soigné dans la rue, en pleine crise, des dizaines de personnes atteintes du choléra. La remarquable homéopathe canadienne, Catherine Saby était du voyage et a joué un très grand rôle dans la réussite de l’expédition. En une demi-journée, les fièvres tombaient, les sourires réapparaissaient. C’était bouleversant. Le décès de Kaviraj a été un coup dur. Il reste à jamais un frère d’âme.
En 2011, je suis retourné à Port-au-Prince grâce au soutien inestimable de deux figures locales : le Dr Jean-Marie Caïdor, médecin haïtien formé à l’homéopathie, et le Dr Thomas Hans-Muller, surnommé affectueusement « Boule », homme d’action, chaleureux et visionnaire. Leur accueil a été fraternel. Avec eux, j’ai pu continuer à démontrer la puissance de l’homéopathie en situation de crise sanitaire.
Ces expériences m’ont profondément transformé. Elles m’ont rappelé que la médecine n’est pas un statut ni un savoir, mais un service. Une forme d’amour en acte. C’est dans la poussière d’Haïti, les ruelles de Skoura ou les dispensaires de Madagascar que j’ai trouvé le vrai sens du mot guérir.

Vous parlez souvent de vos élèves avec beaucoup d’émotion…

Oui, car ce sont eux qui portent la suite. L’IHS attire des profils brillants, curieux, habités. Nous formons une nouvelle génération de soignants, dotés d’un esprit scientifique mais ancrés dans une médecine du sens. Je crois profondément en leur puissance de transformation. Et certains deviennent eux-mêmes enseignants, chercheurs, ou figures de référence. C’est le plus beau des héritages.

Vous avez aussi un engagement humanitaire fort. Que représente pour vous l’action de terrain ?

Tout. J’ai soigné dans les rues d’Haïti après le séisme, en Inde, à Madagascar, en Turquie… L’homéopathie y montre son pouvoir avec une clarté sidérante. C’est pourquoi nous lançons un programme de terrain pour les meilleurs élèves de l’IHS. Chaque mission devient un rite de passage, un laboratoire vivant, un témoignage de l’universalité de cette médecine.

Un dernier mot pour ceux qui hésitent à vous rejoindre ?

Ne cherchez pas une école confortable. Cherchez une école qui vous transforme. L’IHS n’est pas une simple formation : c’est un appel. Celui de vivre une aventure intellectuelle, médicale et humaine, au service du vivant. J’y consacre ma vie. Si cela résonne pour vous, alors bienvenue à bord.